Cultiver son personal branding, éviter le bad buzz, devenir un e-influenceur, remporter la course aux « like » ou connaitre ses 15 minutes de gloire sont les différents enjeux qui se cachent derrière les réseaux sociaux, socle du web 2.0. Mais malgré des apports indéniables en matière de transparence et de collaboration, ne représentent-ils pas un danger pour l’Homme en tant qu’être social?

La démocratie ou comment le peuple entier a le pouvoir de décider. Le libre arbitre, la liberté d’expression ou l’art du débat sont au centre des principes vitaux de nos Sociétés. Et l’on a cru que l’arrivée d’outils tels que les réseaux et outils sociaux de masse, déclinés en versions professionnelles, allaient nous faire franchir un cap supplémentaire vers l’ambition de créer un Village global aux accents locaux.

Malheureusement, plusieurs facteurs indésirables ont conduit à des détournements parfois gravissimes : l’anonymat de certains réseaux, forums ou autres espaces de discussion a permis à la haine, aux préjugés ou aux insultes de surgir ; certaines personnes sont dénoncées aveuglément, mises sous pression, diffamées ou manipulées par une foule revenue au temps des jeux du cirque, où le « j’aime / j’aime pas » d’un coup de pouce et la sanction sont immédiats et irrévocables. Le format court des échanges a également tari la substance de conversations étayées, argumentées, bienveillantes et durables. En effet, la majorité desdites conversations est abrupte, instantanément subjective et sans lendemain.

«Les médias sociaux concernent la sociologie et la psychologie plus que la technologie» rappelle Brian Solis, et c’est là où tout se joue…

Le fait de s’exprimer sur un réseau social induit soit de publier des contenus « froids » ou ne nécessitant pas de parti pris (éléments de veille, petits commentaires neutres…), soit de s’exposer à la foule, retranchée elle aussi derrière son écran, infobèse et forcée d’exister sur la toile. Alors, publier des points de vue, plus ou moins saillants, devient un exercice complexe : accepter la critique, aussi brutale et infondée soit-elle, se fermer des portes tout seul à cause du manque d’analyse des lecteurs, s’affranchir du droit à l’oubli et devenir aux yeux du web un avatar de soi-même sont autant de risques à prendre.

Aujourd’hui, hormis ceux qui n’ont rien à perdre (ou qui le pensent), combien sont prêts à faire de ces espaces virtuels des terrains d’expression personnels et de se mettre en partie à nu ? Combien peuvent vivre tranquillement avec un salve de commentaires assassins pour un simple regard critique ? Combien ont envie d’être étiquetés, catalogués ou moqués pour un simple petit article à un instant T ? Combien considèrent ces réseaux comme une véritable avancée pour les peuples ? Et à qui profitent(-ront) les effets exponentiels de ces réseaux, pour diffuser n’importe quel message ?

Il y a un juste milieu entre la chaleur d’une interaction humaine, sensorielle et vivante, et la froideur d’un écran d’ordinateur. Et c’est sans doute la tiédeur d’outils permettant à la foule d’exister mais pas forcément pour le meilleur…. Restent la modération et l’éducation comme soupapes de sécurité, devant être mises au cœur de nos vies citoyennes connectées pour éviter que ces outils ne réduisent débats et conversations à invectives et vacuité.

A vos commentaires ! … Ou pas ?

Les réseaux sociaux peuvent-ils dompter l’esprit critique ?

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