Startups par-ci, startups par-là ! Point trop n’en faut ! Oui, entreprendre et monter sa boite est un défi et mérite le respect, surtout quand un enjeu sociétal est au centre du projet. Oui, la technologie nourrit nos rêves et nos cauchemars et le buzz tend à atteindre son paroxysme. Et oui, notre compétitivité nationale est en jeu et nos jeunes pousses ont droit à certains éloges. Mais pourquoi les médias ne parlent-ils jamais de ceux qui créent et pérennisent des emplois complexes, et qui évitent ainsi l’implosion de notre Société ?

Qui a déjà entendu parler des ESAT, SCIC, SIAE, ESUS et autres CRESS ? Encore des acronymes destinés à nous vendre une chimère ? C’est tout le contraire.

Depuis de nombreuses années déjà, une économie parallèle, bien légale, co-existe avec les surmédiatisés groupes du CAC40, multinationales de la disruption et startups hexagonales : celle de la réinsertion et de la (re)mise à l’emploi des oubliés de la technologisation.

L’un des rares à avoir médiatisé quelque peu ce sujet est le Groupe SOS, fondé et présidé par le « fort en gueule » Jean-Marc Borrello. Si SOS fait office d’étendard, parfois controversé, pour les structures d’insertion qui œuvrent dans l’ombre, il incarne un exemple de réussite qu’aucun diplômé d’une grande école de commerce ou d’ingénieur ne peut comprendre intuitivement : employer des personnes handicapées, sans diplôme, violemment exclues du système et gagner de l’argent grâce à elles.

Qui plus est, l’impact des entreprises d’insertion sur l’emploi est phénoménal ! Selon leur Fédération, ces dernières ont salarié en 2015 « près de 36 500 personnes dont 81% en parcours d’insertion, soit 30 000 personnes éloignées de l’emploi », et elles ont permis à 45% d’entre elles de « retrouver un emploi en CDI ou CDD à l’issue de leur parcours » ? Nos 100 premières startups ont-elles en moyenne réussi à passer de 1 à 365 salariés en un an ?

Plus largement, les entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) comptaient en 2015 2,37 millions de salariés dans 221 000 entreprises, soit pas moins de 10,5% de l’emploi en France ! Mieux : la stabilité des emplois de ces structures et leur dynamique, avec une hausse de l’emploi de 0,8% dans l’ESS contre une baisse de 0,2% pour l’économie « traditionnelle » !

Maslow 2.0, ou comment la pyramide des besoins, comme celles en Égypte, n’a pas bougé en 3000 ans

L’emploi. Le chômage et ses dramatiques conséquences sur nos vies, de l’ouvrier au cadre sup. N’est-ce donc pas ce qui compte en premier lieu en 2016? Si je m’entretenais avec Abraham Maslow dans un espace de co-working, ne me dirait-il pas de revenir à quelques fondamentaux ? Puisque la crise est là, qu’elle soit politique, sociale ou économique, l’un des besoins de base d’une nation n’est-il pas que ses concitoyens pourvoient à leurs besoins primaires, et dans notre système libéral capitaliste aient ainsi un emploi pour pouvoir consommer et investir ?

Alors quoi ? Pas assez de buzz words, de paillettes, de techno et de social content pour être valorisé à sa juste valeur ? Une personnalité très en vue dans ce domaine m’a dit un jour que « la solidarité ne vend pas, et donc [qu’] elle n’intéresse pas les médias » … Triste réalité à n’en pas douter mais en aucun cas fatalité derrière laquelle s’arc-bouter !

De medias new gen comme Socialter ou Sparknews mettent en avant cette économie qui allie sens et performance. L’Express « Du Business & Du Sens » sous l’égide d’Isabelle Hennebelle vise aussi à faire grandir sa visibilité. Et nous, salariés engagés, citoyens soucieux de notre avenir, comment les remercier et les encourager ?

En en parlant davantage, ce sera déjà pas mal.

Les (vrais) héros de l’économie et de l’emploi, loin des paillettes…
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