Mes chers compatriotes, de métropole et d’outre-mer, l’heure est bientôt venue d’aller voter. Il a certes été question lors de cette campagne présidentielle de repenser la société et de nombreuses propositions sont allées en faveur de l’emploi et de l’éducation à la culture numérique. En revanche la nature des moyens, actionnables et personnalisés, sources d’une employabilité durable, qui seront donnés aux actifs pour se projeter et se réaliser dans leur vie professionnelle n’a pratiquement jamais été abordée.
J’ai donc enquêté dans les propositions des cinq principaux candidats pour voir comment le sujet de l’employabilité et des compétences y était traité (principalement dans les sections relatives à l’emploi, au travail et au numérique). Et voici ce que j’y ai trouvé, de manière objectivement critique, d’Est en Ouest.
Mélanchon : l’Etat aux manettes
Jean-Luc Mélanchon met assez clairement en avant le fait de « refonder l’organisation des formations professionnelle et continue pour les adapter aux transformations numériques de l’économie » et souhaite « convoquer une conférence nationale sur l’impact du progrès technologique sur le travail, notamment sur le partage du temps de travail, la modification de la nature du travail, etc. ».
Mais il place cette responsabilité sous le mandat unique de l’Etat : « l’expertise en relations humaines, l’analyse des marchés du travail, la conduite de bilans de compétences, le contrôle des offres et la prospection d’entreprises sont toutes des missions de service public pour accompagner les usagers dans l’emploi. » Il va même plus loin avec son « droit opposable à l’emploi [qui fait] de l’État l’employeur en dernier ressort ».
Il avance par ailleurs des propositions singulières comme de « construire des ponts générationnels avec des médiateurs déployés sur tout le territoire dans les nouveaux espaces publics numériques », de « concevoir une plateforme publique d’information permettant d’accéder à un outil d’auto-diagnostic sur la digitalisation et à des conseils personnalisés » (a priori sous une forme orientée davantage business que compétences) et de « former les personnels aux enjeux de cyber-sécurité » (qu’il semble malgré tout décorréler d’une éventuelle source d’emplois).
Hamon : émancipation et culture numérique
Benoît Hamon met, comme la majorité des candidats, l’accent sur l’école comme vecteur d’employabilité future, via la « Grande École du Numérique ». Il déclare vouloir « accompagner les transitions professionnelles des actifs vers le numérique » sans davantage de détails, citant le besoin d’acquérir un « socle de compétences numériques et une culture numérique émancipatrice ». Ce dernier qualificatif fait écho à la notion d’employabilité car individu devient de plus en plus responsable lui-même de créer les conditions favorables à l’emploi de qualité auquel il prétend.
Il est d’ailleurs assez surprenant de voir que le financement des « emplois de demain » concerne principalement « la recherche et le développement (…) et l’Economie sociale et solidaire », certes fondamentaux mais pas exclusifs.
Macron : les compétences avant tout
Emmanuel Macron pose clairement le diagnostic : « l’accès à la formation est un parcours d’obstacles, et les choix sont souvent limités à des listes de formations qui ne correspondent pas toujours aux aspirations individuelles, ni aux besoins du marché du travail. » Aussi met-il en avant le besoin impérieux de « refonte de la formation professionnelle, [afin que] les droits [soient] d’autant plus élevés que les besoins de qualification sont importants ». Cette dernière précision montre la prise en compte d’un décalage probable entre les compétences actuelles de nombreux actifs et celles qui leur seront demandées dans les prochaines années. En effet, son projet met en avant le fait que « passer le cap du numérique » pour nos organisations est « d’abord une question de compétences : entrepreneurs et salariés doivent être formés pour pouvoir choisir et s’approprier les nouveaux outils. »
Ainsi prévoit-il « 15 milliards d’euros de [son] plan d’investissement [qui] seront consacrés à l’acquisition des compétences par ceux qui en ont le plus besoin », et que « les branches professionnelles seront pleinement impliquées dans la définition des programmes et l’organisation des formations » liées à l’apprentissage.
Fillon : cap sur l’industrie
François Fillon parle de sécurisation des parcours professionnels « en permettant à chaque Français de bénéficier d’un capital formation et (…) en donnant à chaque salarié et à chaque demandeur d’emploi l’opportunité de se construire une carrière et de se prémunir contre l’inactivité. » Sans véritablement détailler le comment, il vise à « accélérer le développement de la formation professionnelle au numérique » tout en la restreignant à l’industrie (via un « programme de sensibilisation des PMI au numérique » et à « l’apprentissage sur les métiers industriels du futur »). Enfin, le « regroupement local des acteurs de la recherche, de l’enseignement, de l’incubation, de l’accompagnement et du financement de start-up dans des clusters », s’il a vocation à « développer les synergies » a priori business, n’en reste pas moins un levier utile mais sans doute limité à accompagner l’employabilité.
Le Pen : une non-priorité ?
S’il est question de « créer un secrétariat d’État dédié aux mutations économiques (…) afin d’anticiper les évolutions des formes de travail liées aux nouvelles technologies », peu d’autres mentions sont faites au sujet des compétences hormis le fait de « revaloriser le travail manuel » et de « rendre la formation professionnelle plus efficace, moins opaque et moins coûteuse. »
Pour conclure, cette analyse, même si elle a été menée de la manière la plus objective possible, n’est sans doute pas exhaustive. Aussi vous invité-je à mettre en avant les éléments complémentaires que défendraient vos candidats et que j’aurais oublié de citer.
Vive la République, vive la France et surtout vive nous et notre employabilité !