Le concept de Big Data fait peur. D’abord parce qu’il revêt une dimension gigantesque. Ensuite parce qu’il est diffus voire abscons. Enfin parce que rares sont ceux qui l’ont vraiment vu, de leurs yeux vu… Le premier réflexe des organisations est donc de se ruer vers ceux qui savent, ou qui semblent savoir, les data-quelque chose. Mais cette précipitation est-elle bien la solution pour démarrer ?
Comme pour toute problématique inhérente à la digitalisation de nos économies et de nos usages, un concept marketing en chasse un autre. Le Design Thinking s’est imposé ces derniers temps comme LE concept à la mode. Et il y a de quoi : il remet l’utilisateur / le client final au centre de la réflexion (ah oui, le client, je me souviens, c’est celui qui achète nos produits et nos services !), il passe par la pensée visuelle (l’Homme sait pourtant dessiner avant de savoir écrire, non ?) et il s’appuie sur des équipes pluridisciplinaires capables de prototyper rapidement une idée (pas sûr que l’écriture ait été inventée grâce au cycle en V). En bref, il ré-étalonne le bon sens, trop souvent laissé aux portes des Comités de Direction.
En revanche, l’arrivée massive de la donnée est d’une autre paire de manches. Jamais dans l’histoire de l’humanité autant d’informations avaient été rendues disponibles à tout un chacun. Jamais n’avait été donnée l’opportunité à quiconque de prospérer grâce à une connaissance aussi intime de ses partenaires, employés, prospects et clients. Et jamais les avancées technologiques n’avaient-elles laissé le sujet sans limitation possible (en témoignent les solutions d’intelligence artificielle augmentée, encore en phase exploratoire).
Mais si le sujet prête à tous les fantasmes (le principal étant pour toute marque d’être en connexion permanente avec le cerveau et le portefeuille du client), la tâche, elle, s’annonce encore ardue. Par où commencer ? Quels outils déployer ? Quels recrutements effectuer ? Quelles données collecter ? C’est le moment de raison garder : personne n’est encore trop en retard et si la montagne semble haute, il existe des moyens de démarrer sereinement l’ascension.
Si cette citation peut prêter à sourire, elle est déjà un peu obsolète. Le sujet a été pris à bras le corps par de nombreuses organisations mais il reste du chemin pour 1/ que ce soit le cas des petites et moyennes organisations et 2/ que cela se diffuse au-delà de certaines populations expertes.
Une fois n’est pas coutume, la technologie pour elle-même ne sert à rien. DMP, Datalakes et autre Datamarts ne vous entendront pas hurler. Vos équipes et votre patron, si ! Le meilleur moyen d’appréhender un sujet complexe reste de l’instancier avec un cas réel qui parle à tout le monde, ici un enjeu business majeur. Voici quelques étapes à suivre pour prendre le sujet du Big Data à bras le corps et pour pouvoir malgré tout dormir la nuit :
- Identifier un enjeu stratégique mais opérationnel et concret de votre organisation et obtenir la validation de votre patron pour travailler dessus en équipe projet transversale ;
- Dans l’étude de la solution, adresser explicitement le sujet de la donnée : de quelles données avons-nous besoin pour résoudre l’enjeu business identifié ? De quelle nature sont-elles (structurées ou non, internes ou externes, agrégées ou non, etc.) ? D’où viennent-elles et y ai-je déjà accès ? Comment ? Comment les collecter si je n’y ai pas accès ? Etc. ;
- En répondant à ces questions d’ordre métier, penser au plan d’action pour y parvenir avec cette fois-ci l’aide de quelques data-experts : quelles technologies existent et me permettent de réaliser mon objectif ? Quels sont les impacts sur mon SI ? Quelle organisation et quelle gouvernance mettre en place pour pérenniser mon plan ? etc.
Alors, oui, les profils très analytiques à la fibre statistique sauront tirer leur épingle du jeu mais l’état d’esprit centré sur la donnée, le Data Thinking, est assimilable par tous, sous réserve que l’organisation sache faire fi des Big obstacles politiques et organisationnels qui se dresseront sur le chemin du succès.