Il y a deux semaines, à l’initiative de Social Builder et #leplusimportant, se déroulait à l’Assemblée Nationale un magnifique colloque lié à la disruption des métiers liée aux techs, sous le haut patronage du président Emmanuel Macron. Retour sur quelques points clés à retenir.
Le colloque a démarré par un rappel salutaire des députées Paula Forteza et Constance Le Grip au défi de l’insécurité économique provoquée par l’illectronisme (sorte d’illettrisme électronique et numérique), dont souffrent 13 millions de Français selon une récente étude du CREDOC. Philippe Debruyne, président de CertifPro, a insisté sur le fait que le digital soit clairement un sujet de construction sociale avec des enjeux éthiques, et qu’il est de notre devoir collectif de nous en emparer.
Un autre chiffre fort a porté sur les 3 millions d’emplois qui devraient être automatisés dans les 5 ans. Godefroy de Bentzmann, président du Syntec, a souligné que ce risque se porte aussi sur les cols blancs et toutes les couches de management (au-delà du clivage habituel entre actifs qualifiés et non qualifiés). Ce fait a été confirmé par Ekkehard Ernst, expert à l’OIT, et par la part des brevets liés à automatisation, passée de 25% en 1975 à 67% en 2015, et ce sur un grand nombre de tâches cognitives.
De l’autre côté du spectre, Thomas Courbe, DG des Entreprises au Ministère de l’Economie et des Finances, a rappelé que se sont en 2020 pas moins de 212 000 emplois qui restent à pourvoir dans l’IT et le numérique ! La volonté de l’Etat de diviser ce chiffre par 2 passera par un travail sur la formation (dont fait partie l’évolution du CPF) et sur la « GPEC » de la nation avec une forte empreinte territoriale (GTEC).
Pour anticiper les besoins et évolutions en termes de métiers et de compétences, la question des observatoires a été posée : si un Observatoire du digital reste complexe car ce dernier est devenu un sujet transverse et non plus vertical, des initiatives ont été lancée comme l’Observatoire du futur des métiers d’Isabelle Rouhan, et il a été rappelé que la création d’un méta-observatoire incombait à France Compétences dans ses futures missions.
« Le numérique porte le momentum pour réintégrer les femmes dans des métiers pénuriques et souvent techniques »
Un gros accent a également été mis sur la question de la diversité des profils dans le numérique. Si certains considèrent que le numérique est une opportunité de casser les barrières et qu’il existe encore trop peu de role models « digitaux » pour les jeunes, notamment issus des quartiers, c’est aussi du côté des recruteurs qu’il faut amorcer un changement de culture. Stéphane Distinguin, président de Fabernovel, et Audrey Pérocheau, directrice formation et compétences chez Pôle Emploi, ont insisté sur le fait de changer la représentation qu’ont les actifs et demandeurs d’emploi (en leur faisant comprendre qu’ils ont parfois déjà des compétences clés) mais aussi les recruteurs (en expliquant que le candidat idéal n’existe souvent pas, qu’un écart de compétences n’est pas une voie sans issue et qu’il est nécessaire de ne pas survaloriser les soft skills lorsque il est difficile de jauger des compétences très techniques).
Françoise Mercadal, DG du groupe Crédit du Nord, a aussi mentionné un sujet d’ordre culturel en pointant la vision actuelle très anxiogène du monde du travail pour un jeune de 20 ans. Or, le fait que très peu d’entreprises aient réussi leur GPEC rend complexe pour les actifs, jeunes et moins jeunes, le fait de pouvoir facilement tracer sa route et développer de nouvelles compétences utiles.
Le sujet des compétences du futur a été abordé (pour tout savoir sur le sujet, lisez Smart Leaders ! 😊) avec comme idée-force le fait que l’on doive changer notre manière de produire des compétences, étant posé qu’apprendre était devenu un geste professionnel et que le fait de rendre le travail lui-même apprenant était clé.
Ces enjeux font écho à votre quotidien ? Vous voulez changer positivement et durablement le monde du travail ? Alors suivons la préconisation d’Eneric Lopez, directeur IA et développeurs chez Microsoft : soyons inclusifs « by design » dans notre approche du travail !